infidèle

infidèle [ ɛ̃fidɛl ] adj.

• XIV^e; lat. infidelis

♦ Qui n'est pas fidèle. I ♦ Vx ou hist. Qui professe une autre religion que la religion considérée comme vraie. ⇒ 1. gentil, hérétique, impie, mécréant, païen; giaour, roumi. Nations, peuples infidèles. — Subst. Un, une infidèle. Croisade contre les infidèles. ⇒ musulman. II ♦ (1488) Qui manque à la parole donnée.

1 ♦ Vx Qui manque à ses engagements (envers qqn), aux devoirs de sa fonction. ⇒ déloyal, félon, révolté, traître. Être infidèle à son maître, le trahir.

2 ♦ Mod. Qui n'est pas fidèle, qui est changeant dans ses relations, dans ses sentiments. Des amis, des clients infidèles.

♢ Spécialt Qui n'est pas fidèle en amour. ⇒ 1. adultère, inconstant, perfide, volage. Mari, femme infidèle. Il lui est infidèle. « Trop bête pour être inconstant, Et trop laid pour être infidèle » (Musset).

♢ N. Vx ou plaisant Une belle infidèle. « Célimène me trompe et n'est qu'une infidèle » (Molière).

3 ♦ Qui trahit, ne respecte pas (qqch. qui engage). Infidèle à un devoir, à ses serments, à sa parole. ⇒ parjure, traître. « les vestales infidèles à leurs vœux » (M^me de Staël).

4 ♦ Qui manque à la vérité, à l'exactitude. Narrateur, traducteur infidèle. — Mémoire infidèle. ⇒ défaillant, 1. incertain. « Qui peut vous avoir fait ce récit infidèle ? » (Racine) . ⇒ inexact.

⊗ CONTR. Fidèle. Exact.

● infidèle adjectif (latin infidelis) Littéraire. Qui ne respecte pas un engagement ; parjure : Être infidèle à sa parole. Vassal infidèle à son seigneur. Qui commet une infidélité amoureuse : S'il m'est infidèle, je le tue. Qui ne fait pas preuve de fidélité à l'égard de quelqu'un d'autre : Ami infidèle. Littéraire. Qui trahit la vérité, l'exactitude de quelque chose : Mémoire infidèle. Témoignage infidèle. ● infidèle (synonymes) adjectif (latin infidelis) Littéraire. Qui ne respecte pas un engagement ; parjure

Synonymes :

- parjure

Qui commet une infidélité amoureuse

Synonymes :

- inconstant

- léger

- volage

Contraires :

- constant

Qui ne fait pas preuve de fidélité à l'égard de...

Contraires :

- fidèle

Littéraire. Qui trahit la vérité, l'exactitude de quelque chose

Synonymes :

- erroné

- inexact

- mensonger

Contraires :

- correct

- exact

● infidèle adjectif et nom Qui ne professe pas la religion considérée comme vraie. ● infidèle (expressions) adjectif et nom Belle infidèle, traduction élégante mais inexacte.

infidèle

adj. et n. Qui n'est pas fidèle.

rI./r adj. et n.

d1./d Qui n'est pas constant dans ses affections. Ami infidèle.

|| Spécial. Qui n'est pas fidèle en amour. Mari, amant infidèle.

— Subst. Un(e) infidèle.

d2./d Vx Qui ne professe pas la religion tenue pour vraie (à un moment donné, dans un lieu donné). Peuples infidèles.

|| Subst. Les infidèles.

rII./r adj. Sur quoi l'on ne peut compter. Mémoire infidèle.

|| Inexact, qui manque à la vérité. Traduction, récit infidèle.

⇒INFIDÈLE, adj.

Qui n'est pas fidèle.

A. — Qui trahit son engagement

1. [À l'égard d'une pers.]

a) Inconstant dans le service d'autrui. Je suis maintenant seule et abandonnée à moi-même sur ce rocher désert, en proie au premier audacieux qui voudrait forcer mes portes, entourée d'une bande de domestiques infidèles et d'esclaves ingrats (LAMART., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 231).

b) En partic. [Dans la vie amoureuse ou conjugale] Qui trompe ou a trompé son partenaire. Femme, époux, épouse, amant infidèle. Ne te fie pas aux femmes blondes, car elles sont lâches et infidèles (CLAUDEL, Échange, 1894, I, p. 670). Parlons sérieusement, Alcmène. Est-il vrai que tu préférerais te tuer, plutôt que d'être infidèle à ton mari? (GIRAUDOUX, Amphitr. 38, 1929, II, 2, p. 92).

2. [P. réf. à une parole donnée] Infidèle à son vœu, à son idéal, à sa vocation. J'ai cru à votre parole d'honneur, vous êtes infidèle au serment le plus sacré, et j'espère qu'à la longue le juste mépris inspiré par votre légèreté pourra me guérir de cet amour qui depuis trop longtemps fait le malheur de ma vie (STENDHAL, Abbesse Castro, 1839, p. 192).

3. [P. réf. à une obligation] Infidèle à ses devoirs, à la mission qu'il s'était assignée :

• 1. La mère qui défend son fils au péril de sa vie, et se prive de tout pour le nourrir, fait société avec lui : c'est une bonne mère; celle, au contraire, qui abandonne son enfant est infidèle à l'instinct social, dont l'amour maternel est une des formes nombreuses...

PROUDHON, Propriété, 1840, p. 300.

— P. ext. Malhonnête. Collaborateur, dépositaire, secrétaire, tuteur infidèle; infidèle et dépravé, infidèle et déshonoré. Ils se servaient de la morale et de la société, en les trahissant, comme des domestiques infidèles qui volent leurs maîtres (ROLLAND, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1208). Vous êtes un employé malhonnête, vous êtes un employé infidèle. Ne comptez pas sur moi pour vous défendre (FLERS, CAILLAVET, M. Brotonneau, 1923, III, 6, p. 23) :

• 2. Ce serait ne rien faire que de se borner à dénoncer les mandataires infidèles, les malversateurs, les prévaricateurs, si la nation ne se ménage pas un moyen également prompt et infaillible de les réprimer et de les punir.

MARAT, Pamphlets, Appel à la Nation, 1790, p. 154.

B. — Qui n'est pas conforme à la vérité. Synon. inexact. Notre amour reste infidèle à sa véritable essence (GILSON, Espr. philos. médiév., 1932, p. 75) :

• 3. Est-il possible de se montrer plus complètement infidèle à la définition officielle d'une démocratie maîtresse de ses destinées, justement fière de se gouverner elle-même?

MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p. XLI.

♦ Mémoire infidèle. Mémoire défaillante. Puis elle regarda fixe et droit devant elle, Tandis que de ses yeux la mémoire infidèle S'effaçait, comme on voit, aux approches du soir, Par degrés se ternir les clartés d'un miroir (DESB.-VALM., Poés. posth., 1859, p. 300).

♦ Traduction infidèle. Traduction qui s'éloigne de l'original. Traductions infidèles ou falsifiées (MÉNARD, Rêv. païen, 1876, p. 127).

— Emploi subst. Belles infidèles. Traductions élégantes mais peu conformes à l'original. En fait les « belles infidèles » ont la vie beaucoup plus dure que ne le laissent supposer ces diverses déclarations. Confrontant les traductions françaises de la Mort à Venise de Thomas Mann avec le texte original, Hartmut Bugiel ne constate que des infidélités (G. KASSAI, Traduction et néologie ds Meta, t. 26, 1981, p. 131).

C. — Qui est rebelle à Dieu :

• 4. Tous les soirs, en traversant l'eau à cette heure, j'entends la cloche appeler les fous à la prière. — Sans doute pour remercier le Créateur de ses bontés envers eux? — Toujours le même, Shelley! dit Byron sauvagement. Infidèle et blasphémateur!...

MAUROIS, Ariel, 1923, p. 249.

— Emploi subst. [souvent avec majuscule] Qui est étranger à la religion considérée comme vraie. La France s'en alloit en guerre contre les Mécréans et les Infidèles (CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 302) :

• 5. Notre Saint-Père était tombé entre les mains des infidèles; on organisait secrètement, pour le délivrer, une croisade; et il fallait d'abord, pour mener à bien celle-ci, beaucoup d'argent.

GIDE, Caves, 1914, p. 766.

♦ Croisade contre l'infidèle. Expédition militaire pour délivrer les lieux saints :

• 6. La guerre sainte contre l'Infidèle d'Espagne, les croisades contre l'Infidèle d'Orient appelèrent loin de chez eux, et pour longtemps, les chefs militaires de la chrétienté.

FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 56.

REM. Infidèlement, adv. D'une manière infidèle. À la fin du dix-huitième siècle, quand on entama révolutionnairement la réforme civile du clergé, quelques jansénistes essayèrent de se présenter; mais leur mesure n'était plus possible; la Constitution civile du Clergé ne la représente qu'infidèlement, et ne peut passer elle-même que pour un accident de l'attaque commençante (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 17). Leur mystique, si infidèlement incarnée qu'elle ait été, ne renie pas la liberté pour aller à la liberté, ni les moyens pacifiques pour aller à la paix (VEDEL, Dr. constit., 1949, p. 252).

Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1330 « qui ne croit pas en Dieu, païen » (Renart le Contrefait, t. 1, p. 248 b ds T.-L.); 2. 1488 [éd. 1491] « qui manque à sa foi, à ses engagements » (La Mer des Hist., I, 95 b, d'apr. H. VAGANAY ds Rom. Forsch. t. 32, p. 88); 3. a) 1652 bruits infidèles (CORNEILLE, Pertharite, III, 4); b) 1690 mémoire infidèle (FUR.). Empr. au lat. infidelis « peu sûr, inconstant » à l'époque class.; « infidèle à la loi de Dieu; mécréant, païen [infideles « les hérétiques »] ds la lang. chrétienne. Fréq. abs. littér. : 933. Fréq. rel. littér. : XIX^e s. : a) 2 372, b) 1 000; XX^e s. : a) 911, b) 859. Bbg. DELB. Matér. 1880, p. 176.

infidèle [ɛ̃fidɛl] adj. et n.

ÉTYM. V. 1330, sens I, 2; lat. infidelis « sur qui l'on ne peut compter, inconstant » dans la langue classique (d'où II.), puis « infidèle à la loi de Dieu, mécréant » en lat. ecclés. (d'où I.); de in- (→ 1. In-), et fidelis. → Fidèle.

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♦ Qui n'est pas fidèle.

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I Vx ou hist.

1 Adj. Qui ne professe pas la religion considérée comme vraie (sauf précision, la religion chrétienne), qui en professe une autre (ne s'applique guère aux athées). ⇒ Gentil, hérétique, impie, mécréant, païen; giaour (hist.), roumi. || Nations, peuples infidèles (→ Guerrier, cit. 2). || Un roi infidèle (→ Après, cit. 6).

1 Elle (Esther) gagna le cœur du Roi son mari, et fit d'un prince infidèle un illustre protecteur du peuple de Dieu.

Bossuet, Oraison funèbre de la reine d'Angleterre.

2 N. (V. 1330). || Un, une infidèle (→ Appeler, cit. 14; convaincre, cit. 2). || Les infidèles (→ Commande, cit. 5; errant, cit. 1; état, cit. 57). — REM. À chaque époque, ce mot s'applique aux fidèles d'autres religions considérées comme ennemies. — Spécialt. || Musulman. || Croisade contre les infidèles. — N. m. Collectif. || L'Infidèle.

2 Ils avaient lu les mémoires du fameux évêque de Chiapa, par lesquels il paraît qu'on avait égorgé, ou brûlé, ou noyé dix millions d'infidèles en Amérique pour les convertir.

Voltaire, Hist. des voyages de Scarmentado.

3 (…) il arrive parfois qu'en disputant contre les infidèles, on les induit de nouveau en péché, loin de les convertir.

France, Thaïs, p. 36.

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II Adj. Qui manque à la parole donnée.

1 (1488). Vieilli. (Infidèle à qqn). Qui manque à ses engagements (envers qqn), aux devoirs de sa fonction. ⇒ Déloyal, félon, révolté, traître. || Être infidèle à son roi, à son maître, l'abandonner, le trahir.

♦ Absolt. a Vx. || Soldats infidèles qui désertent (cit. 5).

b Vieilli. || Employé, caissier, comptable, dépositaire infidèle, peu scrupuleux, qui trompe la confiance de son patron, du déposant. ⇒ Malhonnête, prévaricateur.

4 Entrez dans la Bourse de Londres (…) Là le juif, le mahométan et le chrétien, traitent l'un avec l'autre comme s'ils étaient de la même religion, et ne donnent le nom d'infidèles qu'à ceux qui font banqueroute (…)

Voltaire, Lettre sur les Anglais, VI, Les presbytériens.

5 Le chat est un domestique infidèle que l'on ne garde que par nécessité (…)

Buffon, Hist. nat. des animaux, Le chat.

2 (XVII^e). Mod. Qui n'est pas fidèle, qui est changeant, dans ses sentiments, son affection. || Être infidèle à un ami. || Des amis infidèles. — Spécialt (cour.). Qui n'est pas fidèle en amour, dans le mariage. ⇒ Adultère, inconstant, volage; infidélité (cit. 9), et aussi trahir, tromper. || Amant, maîtresse, mari, femme infidèle (→ Abandonner, cit. 19; absoudre, cit. 6; dégager, cit. 13). — Infidèle à qqn. || Femmes infidèles à leurs époux (→ Fidèle, cit. 7). — N. (1662). Littér., vx ou plais. || Un, une infidèle (→ Excuser, cit. 6, et ci-dessous, cit. 6 et 11). || Une belle infidèle (au fig. → ci-dessous, 4).

6 Célimène me trompe et n'est qu'une infidèle.

Molière, le Misanthrope, IV, 2.

7 Il faut se croire aimé pour se croire infidèle.

Racine, Andromaque, IV, 5.

8 Si nos femmes sont infidèles,

Consolons-nous : bien d'autres le sont qu'elles.

La Fontaine, Contes, « Joconde », I.

9 Une femme infidèle, si elle est connue pour telle de la personne intéressée, n'est qu'infidèle : s'il la croit fidèle, elle est perfide.

La Bruyère, les Caractères, III, 25.

10 (…) d'un amant

Je serai le parfait modèle,

Trop bête pour être inconstant,

Et trop laid pour être infidèle.

A. de Musset, Poésies nouvelles, « À Madame G. ».

11 Elle (Madame de Custine) avait eu quelque peine à fixer, ne fût-ce qu'un moment, l'infidèle et le volage (Chateaubriand).

Sainte-Beuve, Chateaubriand, t. II, p. 256.

12 Et, pour ce qui est de l'amour de Landry, pensez-vous, Fanchon, qu'il vous l'ait conservé ? et avez-vous reçu, depuis le décès de votre grand-mère, quelque marque qu'il ne vous ait point été infidèle ?

G. Sand, la Petite Fadette, XXXVI.

3 (1488). (Infidèle à qqch.). Qui manque à…, qui ne respecte pas… (qqch. qui engage). || Être infidèle aux volontés de qqn (→ Caprice, cit. 7), à un devoir, à une vocation (→ Appeler, cit. 47), à ses serments, à sa promesse, à sa parole. ⇒ Parjure; rompre.

13 (…) un champ où les vestales infidèles à leurs vœux étaient enterrées vivantes (…)

M^me de Staël, Corinne, V, II.

4 (1651). Absolt (littér.). Qui manque à la vérité, à l'exactitude. || Narrateur, traducteur, interprète, copiste infidèle. — Portrait, image (cit. 25), récit, copie infidèle. ⇒ Inexact; déformé. || Mémoire infidèle. || Traduction infidèle.

14 Qui peut vous avoir fait ce récit infidèle ?

Racine, Bajazet, III, 4.

15 (…) ce peuple n'est nullement conforme à ses prétendus portraits. Ce n'est pas que nos grands peintres aient toujours été infidèles, mais ils ont peint généralement des détails exceptionnels, des accidents… le second côté des choses.

Michelet, le Peuple, Chapitre liminaire…

♦ (1873). N. f. Hist. littér. (avec jeu sur le sens 1). || Les belles infidèles : les traductions élégantes mais peu exactes en honneur au XVII^e siècle (comme celles de Perrot d'Ablancourt).

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CONTR. Fidèle. — Féal, honnête, loyal, sûr; constant; croyant; exact, vrai.

DÉR. Infidèlement.

Encyclopédie Universelle. 2012.